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En route vers le Laos… ou presque

2007-03-11 – 2007-03-12
Nous quittons le Viêt Nam pour nous rendre au Laos. C'est sans compter un contretemps qui va transformer ce trajet en une aventure que nous ne sommes pas près d'oublier.

Nous quittons notre chambre du Real Darling Cafe et descendons pour déjeuner avant de partir. Il est un peu plus de 07:00. Le taxi pour l'aéroport réservé auprès du Real Darling Cafe que Tom et Spencer nous ont proposé de partager doit arriver à 07:30.

Nous nous apprêtons à commander quand Tom et Spencer arrivent. Nous leur expliquons que nous aimerions vite déjeuner avant d'y aller. Tom nous propose de prendre quelque chose à emporter. Nous lui expliquons que nous avons encore le temps puisque le taxi n'arrive qu'à 07:30. Ils n'ont pas l'air de comprendre et nous disent que le taxi est déjà là. En fait ils ont commandé un taxi qui est venu les prendre à leur hôtel et sont venus nous chercher pour aller à l'aéroport.

Il y a donc eu un malentendu. Quand Tom et Spencer ont dit au Real Darling Cafe qu'ils partageraient un taxi avec nous, la réceptionniste avait compris qu'ils lui demandaient de réserver un taxi pour nous quatre dont nous partagerions le prix. Nous avons d'ailleurs déjà payé notre part. Nous sommes donc maintenant avec deux taxis sur les bras. Le plus simple est d'annuler le deuxième taxi qui doit arriver, de nous faire rembourser et de partir avec le taxi de Tom et Spencer, puisqu'il faudra le payer de toute façon.

Nous essayons d'expliquer le problème au réceptionniste. Il ne parle malheureusement pas bien anglais et n'a pas l'air de comprendre. Tom s'énerve et fait la sourde oreille. Pour lui, ce n'est pas son problème, il est prêt à partir avec son taxi. Nous lui demandons de nous attendre pendant que nous continuons à expliquer la situation au réceptionniste. C'est au moment où nous lui disons que le taxi qui est devant la porte n'est pas le même taxi que le Real Darling Cafe a commandé qu'il a le déclic. Il appelle la réceptionniste auprès de qui nous avons payé et nous lui expliquons le malentendu. Tout rentre dans l'ordre, on nous rembourse et nous partons avec Tom et Spencer. La journée commence bien.

Nous arrivons bien en avance à l'aéroport. Tout se passe sans problème. L'avion part à l'heure. Nous arrivons comme prévu après une heure de vol. L'aéroport de Dien Bien Phu est minuscule. En sortant de l'avion sur la piste, il suffit de marcher une cinquantaine de mètres pour se retrouver dans le bâtiment. Il n'y a évidemment qu'un seul tapis roulant à bagages. Encore faut-il que quelqu'un veuille bien aller décharger les bagages. Au bout d'une dizaine de minutes, nous voyons une camionnette se diriger vers l'avion. Quelques minutes plus tard, nos bagages sont déposés de l'autre côté de la vitre sur le tapis roulant à l'extérieur et nous les voyons entrer lentement.

Nous avons prévu d'entrer au Laos en passant par le poste-frontière de Tay Trang, qui se trouve à 34 km de Dien Bien Phu. Il y a un certain flou concernant l'ouverture de ce poste-frontière aux touristes. Notre Lonely Planet Vietnam, qui date de 2003, explique : La frontière laotienne se situe à seulement 34 km de Dien Bien Phu, mais on ne sait pas réellement si ce poste-frontière sera ouvert aux touristes. Lors de notre discussion avec un douanier courant 2002, nous avons appris qu'il a été décidé de rénover le poste-frontière pour en faire un point de passage international et que les formalités administratives devraient être terminées en 2004, au plus tard. Mieux vaut vous renseigner au préalable. La réceptionniste du Real Darling Cafe, qui nous a gentiment renseigné sur les possibilités de voyage, nous a assuré que le poste était maintenant ouvert et qu'elle connaissait déjà plusieurs touristes ayant traversé la frontière à cet endroit-là. Nous avons vu par la suite dans un Lonely Planet plus récent que le poste avait effectivement l'air ouvert.

Nous avons décidé de prendre un bus jusqu'à la frontière. Nous marchons pendant dix minutes avec nos gros sacs jusqu'à la gare routière. Sur place, nous demandons quand part le prochain bus pour la frontière mais les guichetiers qui parlent à peine anglais nous disent qu'il n'y a aucun bus qui va dans cette direction. S'agit-il d'une arnaque manigancée avec les chauffeurs de taxi qui proposent de nous y conduire pour « seulement » 400 000 dongs (€20) ? Des conducteurs de scooter nous proposent avec la formule consacrée « Moto'bike? » de nous y conduire, mais nous avons du mal à imaginer un trajet pareil avec nos gros sacs. Nous cherchons un taxi meilleur marché, sans succès. Nous négocions finalement le trajet pour 300 000 dongs (€15).

Le trajet dure environ une demi-heure. Nous roulons sur une route en bon état, complètement déserte, qui sinue dans un paysage montagneux, verdoyant et calme. Arrivés devant le poste-frontière, le conducteur de taxi sort de la voiture et nous explique en faisant des signes que la frontière ne peut être traversée que par les Vietnamien et les Laotiens. Nous lui disons qu'on nous a expliqué qu'elle est maintenant ouverte aux touristes aussi et sortons nos bagages de la voiture. Par sécurité, nous lui demandons tout de même d'attendre au cas où il y a un problème.

Nous nous dirigeons vers le poste-frontière. Il n'y a personne à part deux officiers en uniforme. Nous nous approchons. Ils se dirigent vers nous et nous leur demandons simplement si nous pouvons passer. À voir leur tête et leur attitude, on dirait qu'il y a un problème. Ils nous font un signe de la main pour nous amener dans un bâtiment sur la droite.

Ils nous invitent à nous asseoir à la table en face d'eux et demandent à voir nos passeports. Ils les regardent pendant une dizaine de minutes en posant quelques questions dans le style « De quel pays venez-vous ? ». Ils ne parlent quasiment pas anglais et ont beaucoup de mal à nous comprendre. Le conducteur de taxi, qui nous a suivi, discute en vietnamien avec eux. Nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe. Ils essaient de nous expliquer qu'il n'y a que les Laotiens et les Vietnamiens qui peuvent passer la frontière et qu'elle ne sera ouverte aux touristes que le 30 mars. Nous leur disons qu'on nous a assuré qu'elle était déjà ouverte. Ils ne veulent rien savoir. Peut-être veulent-ils se faire graisser la patte ? Nous n'en sommes pas surs, c'est risqué si ce n'est pas le cas. Vu leur air, nous avons plutôt l'impression qu'il ne vaut mieux pas essayer. Finalement ils nous demandent de quitter les lieux. En sortant, Tom demande au conducteur de taxi s'ils veulent de l'argent. Il lui répond en faisant non de la tête et en joignant les deux poignets, pour symboliser des menottes. Nous avons sans doute bien fait de ne rien essayer.

Nous avons l'impression de vivre un cauchemar. Que faire maintenant ? Nous avons fait tout ce trajet pour rien. Nous sommes au nord-ouest du Viêt Nam. Le poste-frontière le plus proche qui est ouvert au touristes est à plus de 300 km à vol d'oiseau. Pour couronner le tout, notre visa expire aujourd'hui ! Dire que le Laos n'est qu'à quelques mètres de nous ! Tout ce qui nous en sépare est une barrière, deux douaniers et un fichu règlement !

Le conducteur de taxi savait que nous ne pourrions pas passer. Pourquoi ne nous a-t-il pas prévenu ? Évidemment, ça lui fait un aller-retour de payé. Il propose de nous ramener pour 200 000 dong (€10). Nous sommes bien obligés d'accepter. Nous nous disons entre nous que nous ne lui payerons pas le retour. Nous faisons le même trajet en sens inverse. Nous nous demandons ce que nous allons faire, sans pour l'instant trouver de réponse. De retour à Dien Bien Phu, nous passons par la gare routière. Il n'y a évidemment aucun bus qui nous rapprocherait du poste-frontière suivant. Nous décidons de retourner à l'aéroport, d'où nous pourrons téléphoner au Real Darling Cafe, qui pourra peut-être nous aider.

Nous arrivons sur place. Sortis du taxi, Tom, énervé, s'en va vers l'intérieur de l'aéroport. Il se renseigne sur les vols disponibles. Il nous laisse nous débrouiller avec le conducteur de taxi. Celui-ci entend bien être payé. Hugues lui donne finalement 100 000 dongs (€5), en lui disant qu'il aurait dû nous prévenir avant et que de toute façon il allait faire le trajet de retour. L'homme n'a pas l'air content mais n'insiste pas.

Les vols depuis Dien Bien Phu ne vont que vers Hanoï et tous les vols sont complets pour les cinq jours à venir. Nous sommes bloqués là, à moins de prendre un bus pour Hanoï… qui met 11 heures sur un trajet réputé dangereux. Un homme qui était déjà là quand nous sommes sortis de l'aéroport à notre arrivée nous explique que le prochain bus est à quatre heures et demie. Il doit être deux heures de l'après-midi.

Nous appelons le Real Darling Cafe. Nous expliquons notre problème à la réceptionniste. Elle est très embêtée, elle répète « Oh, no! ». Elle nous dit que les douaniers voulaient sûrement de l'argent. Nous lui expliquons que le conducteur de taxi nous avait fait comprendre qu'il valait mieux ne pas essayer. « Oh, no! », de nouveau. Elle nous dit que le conducteur de taxi nous a sûrement dit ça pour nous faire payer le trajet du retour. D'après elle, nous devons retourner au poste-frontière et proposer de l'argent aux douaniers. Pour nous, il n'en est pas question. Nous avons déjà perdu assez d'argent pour faire un nouvel essai qui d'après nous ne nous amènerait que des ennuis, si pas en prison.

Relier un autre poste-frontière n'est en fait pas envisageable. Pour y arriver, il faut passer presque obligatoirement par Hanoï. La seule chose à faire pour nous est donc de rentrer à Hanoï et puis de prendre le bus de nuit pour Vientiane, la capitale du Laos (qui met plus de 20 heures), en espérant pouvoir passer la frontière avec un visa expiré. Nous lui demandons si elle veut bien nous offrir le trajet de bus. Elle nous répond que ce n'est pas possible, mais qu'elle peut nous faire une réduction de $5 (sur $15).

Elle nous dit que de là où elle est, elle ne peut pas faire grand-chose pour nous aider. Elle est toujours persuadée que nous devrions retourner à la frontière. Nous lui demandons de contacter le poste-frontière pour avoir confirmation qu'il est bien ouvert aux touristes. Elle pense ne pas pouvoir y arriver mais veut bien essayer. Nous attendons qu'elle nous rappelle. Après une vingtaine de minutes, elle nous explique la situation. Elle a d'abord contacté l'embassade du Laos à Hanoï qui lui a confirmé la chose. Pour être sûre, elle s'est débrouillée pour arriver à contacter le bureau de l'immigration de la frontière. Là ils lui ont simplement expliqué que le poste-frontière est exceptionnellement fermé aux touristes depuis la fête du Têt (le nouvel an lunaire, le 16 février) et qu'il sera à nouveau ouvert le 1er avril.

Pas de chance ! On dirait qu'ils ont fermé le poste-frontière juste pour nous. La réceptionniste du Real Darling Cafe est désolée. En même temps, nous aussi car elle ne pouvait pas deviner que le poste-frontière allait être fermé temporairement. Même l'ambassade n'était pas au courant. Nous décidons alors de rentrer à Hanoï et de prendre le bus pour Vientiane le lendemain soir. En ce qui concerne notre visa expiré, elle nous rassure en nous expliquant qu'il suffit de payer une amende de $5 par personne par jour supplémentaire.

Pour rentrer à Hanoï, nous avons prévu de prendre le bus qui part à quatre heures et demie. À ce moment-là, l'homme qui est toujours à côté de nous nous explique que c'est à quatre heures et demie du matin, pas de l'après-midi. Ah, ce fichu système où l'on compte deux fois douze heure par jour ! (C'est le même qui empêche de programmer un réveil à aiguilles pour qu'il sonne à 07:00 s'il n'est pas 19:00 passé. Juste une petite plainte en passant ;).)

Que faire ? Trouver un hôtel pour se lever à 03:30 du matin ? Rester éveillé jusqu'au départ du bus ? Pourquoi pas, mais où ? Le bar qui reste ouvert le plus tard ferme à 23:00. Nous pouvons toujours louer une chambre d'hôtel pour quatre et rester éveillés là. Pas très attrayant. Le dernier choix est de prendre un taxi tout de suite directement jusqu'à Hanoï. L'homme nous renseigne sur les prix. C'est $180 et ça met un peu moins de onze heures. Il peut en appeler un pour nous. C'est cher mais nous pourrons sûrement négocier pour l'avoir à $160. Nous hésitons encore un instant. Finalement nous rappelons le Real Darling Cafe pour leur dire que nous arriverons vers 03:00 et que nous prendrons le bus le lendemain soir pour Vientiane. Ils nous réservent une chambre.

L'homme appelle une camionnette taxi. Le conducteur refuse pour $160, mais accepte pour $170. Puis finalement ça ne va plus, il appelle un autre taxi, qui arrive, ils discutent, en appellent un troisième. Finalement, nous montons à quatre avec tous nos bagages dans une voiture normale et démarrons vers 16:30. En fait, $170 revient au même prix que l'avion ($40 par personne + le taxi jusqu'à l'aéroport). Le trajet dure juste… onze fois plus longtemps.

La « route » partant de Dien Bien Phu a l'air d'être en construction. Sur une cinquantaine de kilomètres, nous roulons sur de la terre rouge, dans la poussière qui parfois forme un nuage tellement épais que nous devons nous arrêter, faute de visibilité. Les paysages que nous traversons dans le soir tombant sont vraiment beaux. Nous croisons des maisons typiques construites sur pilotis. Nous slalommons entre collines et vallées.

Soudainement, un accident se produit devant nous. Deux scooters se percutent et un des deux conducteurs est projeté plusieurs mètres en avant. Il n'a plus l'air de bouger. Heureusement, il y a beaucoup de monde à cet endroit et ils viennent lui prêter secours. Nous continuons la route. Plus loin, dans un tournant, nous nous arrêtons de justesse pour éviter une collision frontale avec un camion. Pas très rassurant.

À certains endroits, la route est bloquée pendant quelques minutes par les travaux en cours. La nuit ne tarde pas à tomber. Nous sommes toujours sur la route en terre. Quand nous la quittons enfin, après plus de quatre heures, nous n'avons peut-être fait qu'un cinquième du trajet.

Nous nous arrêtons pour souper. C'est un restaurant perdu sur le bord de la route. Nous mangeons bien et bon marché. Nos ventres pleins, nous reprenons la route. Nous sommes encore loin du but.

La route en macadam donne des envies de rallye au conducteur. Il met de la musique techno à fond et roule à toute allure, même dans les tournants. Ça ne nous rassure pas du tout, surtout qu'il se met à pleuvoir. Heureusement, la route est quasiment déserte.

Le reste du trajet est long mais se passe sans encombre. Vers 03:00, nous arrivons à Hanoï. Le conducteur arrête son taxi à côté du lac Hoan Kiem, à deux pas du Real Darling Cafe et regarde son plan. Nous connaissons bien l'endroit et lui indiquons le chemin, mais le conducteur refuse de nous croire ! Nous insistons tous les quatre en lui disant par où il faut aller, mais il nous dit que ce n'est pas vrai. Il fait même marche arrière sur une cinquantaine de mètres, pour après retourner dans la même direction. Nous insistons encore plus fort en lui montrant par où aller et il se résout enfin à nous écouter, même s'il n'a pas l'air de nous croire. Nous arrivons finalement devant un sens interdit, mais l'hôtel est à deux pas de là. Nous descendons de la voiture et payons le conducteur.

Nous voilà enfin arrivés… de retour à notre point de départ où nous étions il y a 20 heures. Quelle journée ! Nous ne sommes pas près de l'oublier. Comme les Français, qui ont perdu la guerre d'Indochine le 1954-05-07 à Dien Bien Phu, nous venons de vivre une sacrée défaite. Mais contrairement à eux, nous avons peut-être perdu une bataille, mais pas la guerre. Une nouvelle tentative pour quitter le Viêt Nam est prévue dans 14 heures. Crevés, nous arrêtons d'y penser et sombrons vite dans un profond sommeil.


Et dire que ...

les voyages forment la jeunesse. Mais faire du sur place, ça non hé!