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Musée Tuol Sleng

2007-04-24 – 2007-04-25
C'est à Phnom Penh, la capitale cambodgienne, que nous sommes confrontés pour la première fois depuis notre arrivée au Cambodge aux témoignages horrifiants des atrocités commises par la clique de Pol Pot.

Nous arrivons à la gare routière de Phnom Penh vers 14:30. Comme souvent, nous nous faisons accoster par une meute de chauffeurs de tuk-tuks. Ils nous proposent tous de nous conduire à une pension « bon marché », de leur choix évidemment. Nous prétextons avoir déjà réservé une chambre dans une auberge et demandons à l'un d'entre eux de nous y conduire. Nous allons à la Capitol Guest House, une pension recommandée par Lonely Planet.

Arrivés sur place, nous y prenons une chambre avec salle de bain. Le lit double est fort étroit. Mais bon, pour $4 la nuit nous n'allons tout de même pas nous plaindre. Une fois installés, nous partons à la recherche d'un café internet pour mettre un nouvel article et des nouvelles photos sur notre site web.

Vers 18:30, n'ayant rien mangé à midi, c'est le ventre complètement creux que nous cherchons un endroit où souper. En nous dirigeant vers notre pension, Hugues remarque un restaurant installé sur une terrasse au premier étage d'un immeuble. Il s'agit en fait du restaurant d'une pension, la Dragon Guest House. Nous décidons d'aller jeter un coup d'œil au menu. Il est alléchant et les prix sont plus que raisonnables. Nous décidons donc d'y souper.

Le lendemain nous retournons au même restaurant que la veille pour y déjeuner. En sortant de la pension nous sommes accueillis par « le chant » incessant des chauffeurs de tuk-tuks, stationnés à longueur de journée devant notre pension. La chanson se résume à deux syllabes : « tuk-tuk, tuk-tuk, tuk-tuk ? ».

Après avoir déjeuné, nous partons visiter le musée Tuol Sleng. Le musée est installé dans une ancienne école. La clique de Pol Pot la transforma en 1975 en un centre de détention appelé S-21. C'est ici que furent emprisonnés, interrogés et torturés, pendant près de trois ans, tous ceux soupçonnés d'être des opposants au régime Khmer rouge.

Pour ceux qui dormaient au cours d'histoire, voici un petit récapitulatif des atrocités commises sous le régime Khmer rouge. De Lonely Planet – Cambodge (2006) :
Le 17 avril 1975, deux semaines avant la chute de Saigon (aujourd'hui Ho Chi Minh-Ville), les Khmers rouges entraient dans Phnom Penh. (…)
Après la prise de Phnom Penh, les Khmers rouges entamèrent la restructuration la plus brutale et la plus radicale qu'une société ait jamais tentée : leur objectif était de transformer le pays en une coopération agricole maoïste, dominée par les paysans. Quelques jours après leur accession au pouvoir, ils vidèrent la capitale et les villes de province de tous leurs habitants, malades, vieillards et infirmes compris, et les obligèrent à gagner la campagne. Répartis en équipes mobiles et obligés de travailler 12 à 15 heures par jour, ceux-ci furent véritablement réduits en esclavage. Toute désobéissance entrainait une exécution immédiate.

La grande majorité des notables et des intellectuels du pays furent exterminés : médecins, instituteurs, ingénieurs, étudiants, diplomates, ministres,… Quasiment aucun ne fut épargné. De ce fait, les Khmers rouges ont entrainé le pays sur la voie de l'autodestruction. Le Cambodge porte encore toujours les cicatrices de ce génocide. Il aura sans doute encore besoin de plusieurs générations avant de pouvoir totalement s'en remettre.

Le musée Tuol Sleng ne se trouve pas très loin de notre pension. Nous décidons donc d'y aller à pied. Nous arrivons sur place, tout transpirants, après une dizaine de minutes de marche sous un soleil de plomb. Nous entrons dans l'enceinte de l'ancienne prison. Impossible d'ignorer que ces immeubles abritaient autrefois une école. On imagine aisément les enfants sortir en courant de ces grands bâtiments pour aller jouer dans la cour de récréation. En même temps, on remarque aussi tout de suite les barbelés installés un peu partout pour empêcher les prisonniers de s'enfuir. Des enfants jouent et rient dans l'ancienne cour. L'apparente gaieté des lieux contraste avec les atrocités qui s'y sont déroulées.

Nous commençons la visite par la partie dans laquelle sont affichées des centaines de photos de détenus. En effet, tous les prisonniers qui arrivaient au S-21 furent photographiés par les Khmers rouges avant ou après avoir été torturés. La visite ne nous laisse pas indifférents. Voir tous ces regards apeurés d'hommes, de femmes et d'enfants nous fixant nous procure une sensation fort désagréable. De plus, nous nous trouvons exactement à l'endroit où ils ont été détenus et torturés avant d'être tous envoyés au camp d'extermination de Choeung Ek pour y être exécutés. Seuls sept détenus furent retrouvés vivants à la chute du régime.

C'en est trop ! Maïte sort du bâtiment la gorge nouée. Elle ne parvient pas à retenir ses larmes. Hugues la rejoint. Nous partons nous mettre un instant à l'abri des regards. Nous trouvons tous les deux la visite fort éprouvante. Nous avons l'impression de sentir les énergies négatives qui emplissent les lieux.

Nous poursuivons la visite et allons regarder un documentaire réalisé par un Franco-Cambodgien, Rithy Panh, dans l'une des salles du musée. Le son du film en anglais est très mauvais et le bruit des gigantesques ventilateurs, installés là pour rafraichir l'audience, n'arrange rien. Nous décidons tout de même de regarder le documentaire dans son entièreté.

Un peu plus tard, nous découvrons les tableaux peints par l'un des survivants de la prison S-21. Ses tableaux représentent les tortures et les conditions de vie des prisonniers.

Nous finissons la visite en passant par les cellules individuelles improvisées par les Khmers rouges dans les anciennes classes d'école. Ensuite, nous passons par les pièces où les prisonniers étaient torturés. Nous imaginons tous les hommes, les femmes et les enfants dont nous avons vu les photos au début de la visite, se faire torturer ici même où nous nous tenons. Ce sentiment est terrifiant.

La visite de ce musée pourrait paraitre banale. Il n'y a aucune photo de torture ou de mort. Il y a « juste » quelques lits rouillés, quelques instruments de tortures, des barbelés un peu partout, des photos de prisonniers,… C'est justement cela qui nous a le plus touché, les centaines de portraits en noir et blanc d'hommes, de femmes et d'enfants dont la vie se résumait en un seul mot : souffrance.